Bordeaux Euratlantique

Bordeaux part à la conquête de ses friches urbaines pour dessiner autour de la gare Saint-Jean un nouveau quartier aux portes de l’Europe.

Un nouveau quartier sur les friches de la SNCF (M. Depecker)
Un nouveau quartier sur les friches de la SNCF (M. Depecker)

                                 

Avec la nouvelle LGV*, Bordeaux souhaite devenir un véritable carrefour européen : à partir de 2017, la métropole sera à 2 heures 10 de Paris, en 2020, à 1 heure de Toulouse et à 1 heure 50 de Bilbao, donc près de la Méditerranée et de l’Europe du Nord. La nouvelle gare Saint-Jean sera au cœur d’une immense toile ferroviaire et 20 millions de passagers s’y croiseront. Imaginé pour accueillir, dans les 15 ans à venir, 25 000 nouveaux habitants, Bordeaux Euratlantique est un projet de rénovation urbaine de grande ambition, englobant plus de 700 ha autour de la gare et sur les deux rives de la Garonne. Une chance pour Bordeaux ?

 

Beaucoup d’imagination

Samedi 4 février 2012, bonnets, écharpes, gants, anoraks, doudounes et chapkas, rien ne manquait aux visiteurs pour affronter le froid sibérien. De friches en friches, à pied et en bus, les habitants ou les curieux ont découvert la première phase de Bordeaux Euratlantique, pilotée par les architectes Reichen et Robert associés. Elle concerne le quartier Saint-Jean-Belcier. Le directeur de l’opération, Philippe Courtois, avec ses collaborateurs, était au rendez-vous, station du tram Carle Vernet, pour expliquer in situ ce qui se prépare entre le boulevard Amédée Saint-Germain d’une part, le boulevard Jean Jacques Bosc d’autre part et la Garonne. Quelques immeubles sortent déjà de terre mais il fallait beaucoup d’imagination pour visualiser et comprendre l’ampleur de la mutation urbaine envisagée. En route pour la visite !

 

Proximité et mobilité

Ici, en matière de circulation, pour arriver et sortir de la gare, relier quartiers anciens et nouveaux, tout est à faire ou presque. Dans le quartier Armagnac, sur des terrains de la SNCF, l’équipe présente le nouveau pont, parallèle à celui du Guit (où passe déjà la ligne C du tram). Un exploit pour les techniciens : il doit être très haut, très large, 200 m, pour enjamber les voies ferrées ; ses rampes d’accès doivent être discrètes, bien insérées dans le tissu urbain et les travaux, réalisés sans gêner le trafic urbain et ferroviaire. Pour privilégier piétons, vélos et transports en commun en site propre, les deux ponts seront en sens unique et formeront un « ring ». « Et le stationnement ? », questionne un visiteur. Tout sera fait pour que les voyageurs utilisent les transports collectifs mais une grande gare doit aussi accueillir ceux qui viennent en voiture. Des parcs silos sont à l’étude. Pour les habitants des nouveaux immeubles, des parkings mutualisés sont envisagés. L’accès routier sera facilité par le futur pont Jean Jacques Bosc qui enjambera la Garonne à la hauteur des boulevards. Pour compléter les cheminements, la passerelle Eiffel sera réservée aux vélos et aux piétons. Circuler tranquillement et facilement entre les quartiers, ce n’est pas gagné mais ce serait un critère de réussite du projet.

 

Une métropole attractive 

Le bus conduit les visiteurs le long de la Garonne vers le quartier de Brienne. On nous confirme que le MIN** restera mais les autres activités devront déménager. Ainsi l’espace sera libéré pour des logements, une clinique, une maison de retraite pour personnes dépendantes, une piscine et côté fleuve, les berges seront transformées en parc. Et le quai de Paludate ? Prévoit-on d’évacuer les boites de nuit ? Non, répond la guide, on pense que, petit à petit, elles partiront par souci de discrétion. Le pari des aménageurs repose sur l’attractivité de cette ville nouvelle à deux pas du Bordeaux historique. Concilier héritage et modernité. « Mais il faut du travail ! », s’exclame un auditeur. Oui, le site sera aussi un centre d’affaires, 400 000 m2 de bureaux au total, installés sur les deux rives pour attirer les entreprises notamment celles du secteur tertiaire et pourquoi pas les parisiennes. Créer à terme 20 à 25 000 emplois, quel défi !

Donner envie à tous de venir investir et travailler à Bordeaux, envie de revenir vivre en ville pour profiter de tous les services, c’est tout l’enjeu de ce nouveau projet urbain.

 

Marie Depecker

*LGV : Ligne à grande vitesse

**MIN : Marché d’intérêt national