Bastide

L’ancien quartier industriel et ouvrier est en passe de devenir l’éco-quartier Bastide Niel, moderniste et écolo.

 

Après l’époque des constructions des années trente et cinquante, la réhabilitation de l’existant, ce quartier se transforme sous le regard des bordelais de la rive droite. Le nouveau pont Bacalan-Bastide favorisera le déplacement vers la rive droite, tombée en désuétude au XXe siècle. À gauche de l’avenue Thiers, côté Queyries, dès les années 1990, l’arrivée du tram, la création du jardin botanique, des jardins d’insertion, les deux immeubles pour 3 000 étudiants en sciences de gestion ont changé le décor.

 

Deux époques: la maison cantonale et la cité des étudiants (P. Guillot)

 

Côté Benauge

Le dernier né des quartiers de Bordeaux en 1865 a vu la première gare permettant de relier Bordeaux à Paris, ce qui permettait le transport et le stockage de nombreuses denrées. La maison cantonale, fierté des habitants, située rue des Nuits, construite en 1925, est un édifice exotique, un curieux mélange de néogothique et d’Art déco : maison polyvalente comportant prétoire de justice, commissariat de police et grande salle pour les bals se souvient Marie (68 ans), décorée de ferronneries en spirales, brique, pierre et grès turquoise, un beffroi encastré dans les combles. Tout à côté furent créés les premiers bains-douches populaires. L’architecte J. d’Welles avait prévu 19 cabines. Le lieu, aux mosaïques de style Art déco avec carreaux alternés brun-rouge et blanc, a été investi par le Poquelin Théâtre en 2011. Les premiers mardi du mois, à 20 h 30 viennent tous ceux qui aiment écrire, dire, lire, jouer et écouter. Il vaut mieux réserver, il y a seulement 15 à 20 places. Le quartier Benauge est dense, autour de la place Calixte Camelle, des échoppes et des maisons au décor Art nouveau. En 1950, en bord de Garonne, la Caserne des pompiers suscita de violentes critiques. Quatre architectes signent cette création, appliquant les théories de Le Corbusier. Le jeu des ouvertures et des couleurs primaires choquaient les bordelais de la rive gauche. En 2011, à l’angle de la rue de la Benauge et de la rue Lenoir, le remembrement de deux terrains, fait assez rare, offre la possibilité de créer un petit immeuble collectif de 15 logements au-dessus de locaux commerciaux et de parkings tenant compte du risque d’inondation. Façade classique aux fenêtres verticales, prolongée de longs balcons filants, grande diversité de logements et plusieurs orientations, patios, terrasses et extensions. Les grands immeubles du quartier Thiers-Galin, construits en pierre dans les années cinquante et le centre d’animation Bastide Benauge font la transition avec les communes voisines.

 

Projet Darwin

À gauche de l’avenue Thiers, se pose plus que jamais la question de nouveaux logements conciliant densité urbaine, périmètre historique, mixité sociale et créativité architecturale. Il faut d’abord supprimer plusieurs squats, la CUB et la ville de Bordeaux ont versé des subventions à l’association COS mandatée par la préfecture pour cette action. Soutenu par le PNUE*, le projet Darwin agit pour la rénovation écologique de patrimoines historiques. Ainsi la réhabilitation de la caserne Niel où seront construits 2 400 logements autonomes en matière énergétique, logements sociaux, mais aussi des bureaux, des commerces et des équipements collectifs. En bord de Garonne, dans le Hangar Niel, aux façades ravalées, s’installe un laboratoire dédié à l’aménagement écologique. La société Évolution, dans les 10 000 m2, va livrer, dès cette année, une supérette Bio-coop, restauration collective, crèche écolo. Existe déjà un centre et des associations pour cultures urbaines et populaire, skate, hip-hop, graffiti. Le passé industriel du site sera aussi mis en valeur par la réaffectation de la Halle aux farines, au pied des friches SNCF, par les archives municipales. C’est l’architecte Paul Robbrecht qui a imaginé un empilement d’archives, faisant référence aux anciens empilements de sacs. Le paysagiste Michel Desvigne prolonge le parc des berges le long du quai de Brazza, conserve et protège l’angélique, la fleur des marais et plante 4500 frênes, merisiers, chênes, en lignes très serrées pour contenir le fleuve en cas de crue.

Bordeaux devient une métropole qui n’a peur ni de la modernité, ni du mélange des genres, sa population métissée dialogue et sourit.

 

Pierrette Guillot

 

* Programme des Nations Unies pour l’Environnement