Architecte des bâtiments de France

François Gondran assume avec humour sa mission de protéger notre patrimoine bâti.

 

 

Caroline Mazel et François Gondran (F. Bergougnoux)
Caroline Mazel et François Gondran (F. Bergougnoux)

François Gondran est architecte des bâtiments de France et directeur du service territorial de l’architecture et du patrimoine de la Gironde. Dans le cadre des conférences de Caroline Mazel de l’association Médiarchi, il a présenté le mardi 19 mars, au cinéma de Mérignac, son itinéraire professionnel illustré d’exemples édifiants de la mise en œuvre délicate de sa charge.

 

Un parcours saisissant

Manifestement satisfait du métier qu’il exerce depuis près de 30 ans, il fait partager son enthousiasme aux 150 participants, en décrivant avec passion les arcanes de sa mission.

Dès son enfance à Grasse qui bénéficie d’un secteur sauvegardé, sa vocation s’affirme sous l’influence de son père architecte auquel il fait souvent référence.

À 17 ans, il rentre à l’école d’architecture de Marseille, tout en suivant des études de lettres à Aix. Après son diplôme, il s’inscrit à Paris aux cours de l’École des beaux arts, puis de l’École de Chaillot, tout en travaillant dans plusieurs cabinets d’architecte. Il est notamment chargé d’études concernant le clocher de la cathédrale de Grasse et l’église de Beaune, qui lui donnent une première reconnaissance de ses maîtres. Malgré son jeune âge, ils le poussent à préparer le concours d’architecte des bâtiments de France qu’il réussit à 22 ans.

Affecté à Angoulême, il bénéficie d’une première expérience indispensable, aussi bien dans sa mission de protection du patrimoine que dans la mise en œuvre de projets personnels au titre de l’exercice libéral de son métier alors autorisé par son statut.

Il postule ensuite à des fonctions plus prestigieuses. Dans la Manche son action est marquée par la sauvegarde du Mont Saint-Michel. Dans le Loir-et-Cher à Blois, Chambord est la priorité absolue ; ce site mobilise des crédits importants dont l’octroi est facilité par le ministre de la Culture Jacques Lang.

Il est en poste en Dordogne quand Jacques Toubon est ministre de la Culture (1993-95). Il le reçoit aux grottes de Lascaux qui font l’objet, sous son autorité, d’études sur les conditions de sa bonne conservation.

François Gondran arrive à Bordeaux en 2004 où il propose rapidement la révision du secteur sauvegardé qui ouvre de nouvelles perspectives de rénovation, ce qui répond à l’attente d’Alain Juppé. La démarche de reconnaissance par le Patrimoine mondial mobilise son énergie. Il suit aussi particulièrement Saint-Émilion où il autorise les projets controversés des nouveaux chais portés par de grands architectes. Le bassin d’Arcachon mobilise également son attention, en particulier la rénovation de la Villa algérienne.

 

Mission de protection

Les architectes des bâtiments de France exercent au nom de l’État un pouvoir indépendant, initialement dans le cadre de la direction de l’équipement et depuis 1995, au sein du ministère de la Culture. Ils donnent leur avis sur tous les projets intervenant dans un espace ou sur un édifice protégé. Quand ils émettent un avis défavorable, ils s’opposent à celui d’une personne ou d’une collectivité. Ils disposent d’une minorité de blocage pouvant contester la volonté d’un maire ou d’un préfet.

Confronté au poids des politiques qui tentent d’imposer des initiatives ne respectant pas le patrimoine, ils proposent le plus souvent un dialogue pour aboutir à une solution alternative.

Les secteurs sauvegardés visent à préserver le plus possible d’immeubles anciens dans les centres historiques. La mise en place d’un tel secteur est une procédure longue et complexe qui permet une analyse en profondeur du patrimoine bâti.

François Gondran précise : « Mettre en place des espaces protégés, c’est avant tout faire du développement durable avec l’histoire et la culture, en transmettant aux générations suivantes ce que l’on a vécu et le territoire dans lequel on vit. Les préserver passe par la concertation, la création de logistique et par la socialisation. Le rôle de gendarme de l’architecture peut paraître ingrat et les architectes des bâtiments de France sont souvent critiqués, autant d’ailleurs pour leur exigence que pour leur laxisme supposé. Je considère que les remarques formulées sont le plus souvent recevables et je fais l’effort, pour aboutir à une meilleure décision, de comprendre le point de vue des porteurs de projet. »

 

François Bergougnoux