Ensemble, sauvons des enfants !

Fatima et Désiré

La famille d’accueil est un maillon très important de La Chaîne de l’espoir[1].

 

Une chambre à l’Hôpital Haut-Lévêque, une fillette à peine réveillée occupe le lit. Son corps fluet est bardé de capteurs branchés à plusieurs appareils qui la surveillent en permanence. Des produits lui sont administrés à travers une perfusion. Claudie la regarde avec une grande douceur, ses yeux reflètent une certaine angoisse et néanmoins de l’espoir. Elle est, en ce moment si particulier, la maman de Fatima, jeune Marocaine de 8 ans qui vient de subir une grave opération à cœur ouvert. Le chirurgien est satisfait, tout s’est bien passé, la petite est sauvée ! Ce dernier et l’équipe médicale qui l’a assisté sont tous intervenus à titre bénévole.

 

Prise en charge

Quelques semaines auparavant, Claudie et son mari Gérard ont contacté La Chaîne de l’espoir, afin de devenir famille d’accueil. « Ce qui nous motive pour accueillir un enfant, c’est de participer à un mouvement humanitaire et d’élargir momentanément mon rôle de mère auprès d’enfants en difficulté… Nous considérons que nous sommes des privilégiés : pays développé, travail, revenus, santé… ce qui nous incite à partager avec les plus défavorisés.», ont-ils écrit.

Fatima, ils l’ont prise en charge à son arrivée à l’aéroport de Mérignac, une semaine avant l’opération. Les voyages des enfants, ainsi que ceux des accompagnateurs bénévoles, membres de la Chaîne de l’espoir, sont assurés gratuitement par les compagnies aériennes.

Quelques mois plus tard, c’était l’arrivée de Désiré, un tout jeune Malien de 2 ans, atteint d’une malformation urinaire et, encore plus tard, d’Aïcha, également Marocaine de 8 ans, souffrant d’une grave maladie cardiaque.

Ces enfants, qui ne parlent pas français, découvrent brutalement un environnement très différent pouvant leur apparaître hostile. Désiré s’est endormi au départ de Bamako et s’est réveillé vraiment dans les bras de Claudie, on peut imaginer son chagrin de ne plus voir sa maman. Il faut toute la douceur du foyer de Claudie et de Gérard pour les apprivoiser.

À leur arrivée, les enfants sont très malades. Gérard se souvient « Je devais porter Fatima jusqu’à sa chambre à l’étage, tant elle était essoufflée. Désiré avait des difficultés pour uriner il souffrait beaucoup, j’avais énormément de peine à le voir ainsi. »

« Dans l’impossibilité d’entrer en contact avec les fillettes, raconte Claudie, je suis allée avec chacune à Saint-Michel rencontrer des jeunes femmes parlant arabe, afin qu’elles me servent d’interprètes pour leur expliquer avec des mots simples l’opération et les soins. »

 

La guérison

Après seulement une semaine à l’hôpital, c’est le retour dans leur foyer temporaire, pour un mois et demi environ. Le changement des enfants est spectaculaire. « J’ai vu chaque fois un bouton de fleur s’ouvrir à la vie », dit Claudie.

« Affamé », mais surtout gourmand, Désiré reste de longs moments assis devant le réfrigérateur faisant ainsi comprendre qu’il apprécie son contenu, ce qui lui vaut de prendre quelques kilos !

Gamines éveillées et espiègles, les deux filles ne tardent pas à parler suffisamment le français pour se faire comprendre et taquiner Gérard qui l’accepte volontiers comme une preuve de leur guérison. Elles découvrent quelques lieux emblématiques de la région : le bassin d’Arcachon, la dune du Pyla, Bordeaux bien sûr et tout particulièrement les restaurants de Saint-Michel où elles se régalent de tajines et autres plats marocains.

C’est le jour du départ. De la tristesse de part et d’autre, quelques larmes souvent. Chaque enfant emporte un album photos retraçant son séjour et de beaux souvenirs qui atténuent, n’en doutant pas, les souffrances endurées.

Les parents sont très reconnaissants et le font savoir. C’est ainsi que les grands-parents de Désiré ont remercié chaleureusement Claudie et Gérard « Permettez-moi de vous assurer que l’enfant est revenu de France carrément transformé du point de vue santé mais aussi sur le plan “éducationnel” » ou encore : « Laissez-moi vous dire notre reconnaissance et nos remerciements pour le soutien si important que vous avez apporté à notre famille à l’occasion de la maladie de notre petit-fils. »

Cette chaîne sauve tous les ans des centaines d’enfants, soit en les soignant en France, soit en formant des équipes médicales à l’étranger.

 

Roger Peuron



[1] La Chaîne de l’espoir : http://www.chainedelespoir.org/