Rock and Kick

Un itinéraire de vie qui peut se définir en cinq mots : muse, musique, rock, partage, passions.

Un ange" rocke"
Un ange" rocke"

Kick a grandi à Bordeaux. Calme, doux, réservé, s’exprimant peu, écrivant beaucoup. Le bac à Magendie dans les années 76, les vacances au pays basque où il fait de la voile, calme plat. Pourtant que de pensées, que de révoltes intérieures, quel désir de mieux-être. Alors se présente l’ouverture vers autre chose : la muse, la musique, le rock, les caves de Bacalan et d’ailleurs. Car on n’est pas sérieux quand on a 18 ans.

 

Un corbillard pour la gloire

C’est vrai qu’on n’est pas sérieux quand on a 18 ans et pourtant Kick a besoin, envie de partager, de crier les angoisses et les inquiétudes de toute une génération. Alors il écrit des textes de révolte que pourrait résumer ce titre Génération vaincue. Le groupe se forme, il s’appellera Strychnine, c’est du radical. Les répétitions se multiplient et Kick s’oublie, explose de plus en plus sur les scènes alentours pour hurler ses colères. Arrive alors le festival de rock de Mont-de-Marsan, les cinq copains sont invités. Ils seront bien sûr seulement la vedette américaine en avant-première de The Clash. Mais leurs visages androgynes, entre anges et démons, la force des textes de Kick et l’énergie qu’il déploie, vont galvaniser le public. Montés en scène pour une courte apparition, ils n’en descendront plus. La voie est ouverte à la voix de Kick, à ses mots, à ses rythmes. Il va sillonner la France et bien au-delà, chanter avec Higelin, écrire pour les groupes mythiques comme Parabellum, les Berrurier noir et bien d’autres. Toujours dans son corbillard, il ira même jusqu’en Suisse. Le succès est là, inespéré, il est le parolier, le guitariste et le chanteur du premier groupe de rock punk français ! Mais Kick est un passionné et il a 25 ans. On n’est pas sérieux quand on a 25 ans. Les amis se séparent. Passe une jeune fille en longue robe à fleurs, l’air charmant et charmeur à la fois… On est très amoureux quand on a 25 ans.

 

Du bœuf au cheval

Passion. Passion toujours, la passion de la musique est toujours là. Mais Kick est amoureux. La belle, passionnée… de chevaux, d’endurance. L’endurance ! C’est ce que lui a toujours voulu chanter, cette opiniâtreté terrible qu’il faut pour dénoncer et dénoncer encore. Leurs envies se rejoignent, leurs fantasmes aussi, et du bœuf sur scène Kick va passer au cheval de trait, au débardage des bois et au cheval de compétition. Persévérant, il va tout apprendre et même participer avec bonheur à des courses sur l’hippodrome de Compiègne. Il travaille, il rêve, il espère sans cesse un lendemain meilleur. Parfois, il jette à sa guitare raccrochée, un œil mélancolique et pince violemment une corde. À force de volonté, vient la récompense, son épouse est championne du monde d’endurance à Dubaï. Résultat d’un si long effort partagé. La consécration certes, et la découverte d’un monde non imaginable qui ne lui ressemble pas. Mais la muse était là, la musique dormait, tapie…elle attendait. Un sursaut, une étincelle, on n’est pas sérieux quand on a 50 ans.

 

Tous les cris

À 50 ans, quand La Rock-School de Bordeaux lui fait signe, Kick bat le rappel. Il tente de reformer le groupe. Strychnine n’est pas mort. Ils se retrouvent deux mais d’autres vont les rejoindre dont un guitariste de Noir Désir. Pari tenu, pari gagné. Avec ses potes des Hyènes, il repart en tournée, il se refait la main, il se refait la voix. Pour le reste, le cœur, l’énergie, l’inspiration sont intacts. Pas une ride. La passion est toujours là. Kick peut continuer à écrire, à jouer et à partager. Quand en 2010, le groupe sort son nouvel album porteur de Tous Les Cris, les fans du rock punk en ont les larmes aux yeux. L’âge n’a rien changé, ils sont toujours là et Kick est revenu pour retrouver son public et ses envies avec son dernier album solo Forcené.

Ce parcours n’est certes pas la carte du tendre mais l’itinéraire d’un tendre qu’écorchent l’injustice, le malheur, la misère et qui veut le crier. Un homme debout, fidèle à ses engagements et à ses espérances, un homme qui fait rêver et à qui nous disons : « Bravo l’Artiste ! »

Dany Guillon