ça plane pour eux

Les sensations sont fortes, le plaisir et les émotions garantis, en volant avec un planeur.

 

Un début d’après midi de janvier, un planeur se pose avec élégance sur l’aérodrome de Saucats-Léognan. Léo1, membre de l’association des planeurs de Bordeaux-Montesquieu, hébergée sur ce site, nous éclaire sur ce sport passionnant. Pilote de chasse puis commandant de bord chez HOP, filiale d’Air France, il pratique le planeur avec ferveur depuis plus de 20 ans. Cet homme dévoué est heureux de partager son expérience et l’enthousiasme des pratiquants du club. Ils sont accros à cet exercice qui apporte des émotions exceptionnelles mais demande beaucoup de rigueur.

 

Courants ascendants

Depuis des siècles, les hommes regardent les grands oiseaux planer inlassablement, ailes étendues. Ils ont réussi à les imiter dès le début des années 1900, avec des planeurs, bien perfectionnés depuis. Sans moteurs, comment volent-t-ils et parfois très longtemps ? Ils disposent d’un fuselage très fin et de grandes ailes aérodynamiques. Plus ils sont lâchés haut, plus ils vont loin.

Pour le piloter, on utilise deux commandes. Aux pieds on intervient sur le palonnier, pour maintenir la symétrie du vol. Avec le manche qui commande l’empenage2,

on agit d’avant en arrière pour monter ou descendre et à gauche ou à droite pour virer. En le poussant en avant, le pilote accentue la perte d’altitude mais augmente sa vitesse. « En le tirant vers soi, il fait monter l’aéronef mais cela nécessite des courants ascendants, très présents dans les cumulus » précise Léo qui ajoute : « Ces courants thermiques sont induits par le réchauffement du relief par le soleil, accentués en montagne par la nature minérale du sol et l’effet couloir ».

Pour en bénéficier, il est donc indispensable de faire les sorties en planeur par beau temps, d’où l’importance des prévisions météorologiques. Une fois en vol, en cas de changement rapide, il faut au plus vite se replier vers une zone favorable ou se poser dès que possible !

 « En Gironde, nous dit Léo, la capacité ascensionnelle est moyenne. On n’accède pas au-delà de 2 000 m, alors que dans les Alpes on peut atteindre 4 000 et plus. Surprise ! La présence du vent n’est pas nécessaire pour voler. Il accentue seulement ou freine la vitesse. Le pilote n’est pas lâché au hasard. Il prévoit un itinéraire avec des lieux précis à survoler et, évidemment, un retour sur l’aérodrome de départ. Pour les plus expérimentés, des vols de 500 km et plus, sont fréquents. »

« Pour des raisons de sécurité, assure notre interlocuteur, les pilotes repèrent en permanence dans leur parcours, les terrains répertoriés permettant un atterrissage, en cas de difficulté imprévue. Sinon ils ne leur restent que l’option de se poser sur un pré à vaches ! »

Pour se diriger et se situer dans l’espace, les pilotes disposent obligatoirement d’une carte mais aujourd’hui ils bénéficient d’outils comme le GPS.

 

À 50 m du rocher

Quel plaisir de voler en planeur, sans bruit, si ce n’est le froissement de l’air avec les ailes. Un espace de liberté s’offre au pilote et à l’accompagnant. De magnifiques paysages s’offrent à leur vue. Comment résister à l’envie de tenter une telle expérience ?

Pour Léo, la situation est parfois plus corsée. À 67 ans, il se confronte encore à des situations difficiles aussi bien en voltige, qui lui rappelle sa jeunesse, mais aussi en planeur. « Je me souviens, raconte-t-il, d’une situation critique dans les Alpes, où à 2 000 m d’altitude, à proximité de la montagne, je ne cessais de descendre. Pour m’en sortir, j’allais m’échapper vers la vallée. À ce moment là, un camarade, à proximité plus haut, m’interpelle à la radio," Léo, vas plus près, tu vas trouver des courants ascendants ". Mon cœur palpite ! À 50 m du rocher, je ressens enfin la poussée verticale et je me libère ! Par étapes, entouré d’oiseaux qui m’accompagnent, je progresse jusqu’à 4 000 m. Quelle jouissance d’avoir franchi cette difficulté. Je suis le plus heureux du monde et profite pleinement de ce grand espace. »

 

Champions du monde

Le club compte une centaine de personnes dont treize femmes. Le groupe, d’un très bon niveau, bénéficie de la présence de deux champions du monde : Éric Bernard qui assure la présidence de l’association, tout en manageant l’équipe de France espoir et Max Seiss, un des meilleurs jeunes mondiaux.

Au-delà des séances habituelles, depuis le site de Saucats, les sorties en stage dans les Pyrénées et mieux encore dans les Alpes, sont très appréciées. Les conditions favorables subliment les pilotes qui y réussissent de belles performances.

Avant d’en arriver là, une formation est indispensable. Théorique d’abord mais essentiellement en volant en biplace, avec des instructeurs, tous bénévoles. Comme Léo, ils sont heureux de transmettre leurs connaissances. Au bout de deux ans, le candidat peut acquérir le brevet de pilotage3. À ce stade, il peut voler seul mais il a beaucoup d’expérience à acquérir.

Pour son plaisir, chacun de nous peut se lancer dans un vol découverte4 qui apporte son lot d’émotions. Qui sait, si cela ne sera pas le déclencheur d’une grande aventure dans le monde des pilotes de planeurs ?

François Bergougnoux

 

1 nom de guerre, d’Alain Hamon

2 un volet sur la petite aile arrière

3 à partir de 2 300 euros, possibilité d'avoir une bourse jusqu’à 1 500 euros pour les moins de 25 ans

4 140 euros pour une sortie

Pour en savoir plus et connaître tous les tarifs, consulter le site http://www.planeursbordeaux.fr