Pour  transformer les rayons solaires en énergie.

(Photographies Exosun)

Les Egyptiens, les Grecs, les Incas, les Mayas ou les Aztèques reconnaissaient la puissance vitale de l’astre jaune. Ils le vénéraient comme un dieu et le comblaient d’offrandes pour qu’il prodigue chaque jour chaleur et clarté. Si les scientifiques ont depuis longtemps éclairci le mystère du système solaire, la conquête du soleil comme source d’énergie reste à faire. Peut-on espérer un jour remplacer les énergies fossiles par cette ressource abondante, inépuisable et naturelle ?

Une idée ancienne

Sous l’Antiquité, la légende raconte qu’Archimède, pour sauver Syracuse, mit au point un jeu de miroirs pour réfléchir et concentrer les rayons du soleil et ainsi incendier les voiles des navires romains ennemis. Beaucoup plus tard, en 1839, Antoine Becquerel inventa la pile photovoltaïque mais il faut attendre le milieu du XX^e siècle pour en voir les premières applications. Et la France prend du retard. EDF s’est toujours reposée sur l’énergie nucléaire pour réduire la dépendance au pétrole ou au gaz. Plus coûteux, le solaire est  resté dans l’ombre. En créant une filière industrielle spécialisée, l’Allemagne a déjà généré 45 000 emplois contre 2 500 en France.

Sous le soleil exactement ! 

L’entreprise girondine Exosun*, fondée en 2007 et installée à Martillac a mis au point un procédé novateur pour augmenter le rendement énergétique des capteurs solaires : les installer sur un axe (tracker) qui permet aux panneaux de suivre l’astre dans sa course. Les rayons d’or atteignent ainsi les capteurs avec un angle constant : cette technique pionnière assure en moyenne 30% d’énergie supplémentaire par rapport aux panneaux fixes. L’électricité ainsi produite est transmise directement au réseau de distribution d’EDF. Une centrale pilote de 126 « suiveurs solaires », construite sur la technopole de Bordeaux Montesquieu pour EDF Energies Nouvelles, fonctionne depuis octobre 2008 pour servir de vitrine et analyser les performances du procédé.

Une nouvelle centrale  solaire

Persuadée que le solaire est une énergie d’avenir, Exosun espère livrer des centrales clefs en mains en France voire à l’étranger et financer de nouvelles recherches. L’entreprise souhaite fournir 10% du marché européen du solaire d’ici 2010. Premier client, EDF Energies nouvelles investit enfin dans la construction de parcs solaires pour produire de l’électricité à l’échelle industrielle. Un site d’environ 300 hectares, plat et bien ensoleillé, a été choisi en Aquitaine, à Gabardan dans les Landes. Les travaux ont commencé. C’est un projet hors normes, le plus vaste en Europe mais qui reste malgré tout modeste : capacité totale prévue de 75 mégawatts à la fin des travaux en 2011, l’équivalent des besoins d’une population de 40 000 habitants mais seulement 3% de la production de la centrale nucléaire de Blaye.

Le soleil, avenir de l’énergie ?

Oui car une centrale solaire ne consomme pas de combustible, n’émet pas de CO2, ne dégage pas de chaleur, n’a donc pas besoin d’eau pour refroidir, ne rejette aucun déchet. Elle est donc une formidable opportunité pour protéger la planète, répondre aux défis du réchauffement climatique et à l’épuisement des combustibles fossiles. Qu’en pensent les écologistes ? Les centrales solaires au sol conduisent les investisseurs à défricher, déboiser et à priver une région de terres agricoles et humides utiles pour préserver les équilibres écologiques. Selon l’association Sepanso Landes, il faudrait privilégier les centrales intégrées à des toitures pour sauvegarder la biodiversité. Exosun répond que son procédé a une emprise limitée au sol, que les communes peuvent disposer de terrains libres comme d’anciennes carrières ou décharges et prévoir du reboisement. Cependant pour sortir le solaire de sa marginalité, des progrès s’imposent pour réduire son prix de revient : l’électricité solaire est cinq à dix fois plus chère que l’électricité traditionnelle. Son essor ne peut se faire qu’avec le soutien d’EDF (tarifs préférentiels), des incitations fiscales et l’engagement d’institutions financières pour qu’elle devienne accessible.

Le soleil brille sans faillir mais sa conquête est laborieuse.

 Marie Depecker

* Technopole Bordeaux Montesquieu 33650 Martillac, www.exosun.fr