Panorama implacable

Un dimanche à Pompéjac, petit village du Sud-Gironde, un groupe informel joue à se poser des questions sur le climat.

 

 

Nous sommes reçus par le Cercle dou pais, association créée par les habitants de Pompéjac, près de Bazas, et des alentours. C'est un café qui offre un espace expo, un bureau (wifi, photocopieuse, imprimante), des ateliers et une petite restauration. Et un lieu de culture populaire qui propose concerts, spectacles, rencontres-débats. Il se définit avant tout comme un lieu écoresponsable et joyeux, créant du lien social et accompagnant la transition écologique.

C’est ainsi que nous sommes invités à découvrir un jeu intitulé La Fresque du climat1. Dans une atmosphère printanière, sous les arbres, est dressée une grande table recouverte de papier blanc, de crayons, d'une gomme, de feutres et du scotch. Une jeune femme, nommée Xuan hoa, animatrice bénévole, nous expose ce nouveau jeu sérieux. Dans le civil, elle travaille dans un bureau conseil stratégie carbone pour aider les entreprises à calculer leurs émissions à effet de serre. Aujourd’hui, elle nous présente une série de 42 cartes, réalisées à partir du rapport du GIEC2 qui a pour but de comprendre le dérèglement climatique, sensibiliser sans culpabiliser !

 

QUESTIONS POUR UN FRISSON

Un premier lot de sept cartes nous est distribué ; à nous de les classer dans l’ordre des causes et effets ; se poser des questions telles que « La glace qui fond est-elle responsable de la montée des océans ? » « Ben oui », réponse unanime de l’équipe. Alors, l’intervenante nous parle du glaçon dans le verre qui fond mais du niveau de liquide qui ne varie pas (Poussée d’Archimède). La montée des eaux est due au réchauffement de l’eau qui se dilate, pas aux icebergs qui, eux, au contraire, auraient tendance à faire baisser la température.

Ou encore, « Les volcans participent-ils au réchauffement climatique ? » Nous apprenons que, lors de son éruption, le volcan libère des tonnes de particules soufrées qui forment un masque opacifiant les rayons du soleil et protègent de l’effet de serre.

« Quel est le pire gaz à effet de serre ? » C’est le méthane dû en majorité aux activités humaines dont les émissions ont augmenté de 9 % en 11 ans.

Ainsi les cinq lots de cartes vont se succéder, faisant explorer les activités humaines, les transports, l’agriculture, l’habitat et leurs conséquences, sécheresses, inondations, famines, guerres… À chacun d’émettre ses hypothèses, dessiner les liens sous forme de flèches et de collaborer pour trouver des réponses. À la fin de la partie, on suspend la fresque réalisée, on la décore, on lui donne un titre. C’est la partie créative, artistique du jeu.

 

QUEL SUCCÈS !

La Fresque du climat a été créée en 2018 par Cédric Ringenbach, ingénieur, conférencier et consultant en transition écologique. Traduit dans 35 langues, circulant dans 50 pays, 350 000 participants à son actif, 17 000 bénévoles, ce jeu est pratiqué par l’enseignement supérieur, HEC, Sciences Po, Polytechnique mais aussi par des entreprises du CAC40 telles que EDF, L’Oréal, Suez, Total, Air France… qui aident à financer ce projet. Paradoxal que des pollueurs qui font partie du problème soient partie prenante du jeu. Histoire de se donner bonne conscience ou volonté de trouver des solutions ?

Sans nier l’intérêt et le sérieux de ce jeu, on n’en sort pas indemne. Alors, on se remonte le moral en listant ce que chacun peut faire ou ne pas faire pour améliorer son environnement. Des formations d’animateur sont proposées.

Tout le monde a quelque chose à apprendre pour aborder le problème du changement climatique.

Ghislaine Dantin-Rocheron

 

1 jeu imprimable, quatre cartes par feuilles format A4 recto-verso. site : fresqueduclimat.org

2Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)