Atelier qui danse

Vendredi 20 février, enfants et parents sont attendus au FRAC* pour danser autour de l’exposition « A vue de pied, à vue de nez », qui explore les zones de l’histoire passée.

 

Dès l’entrée, l’américain Dennis Adams, dans la vidéo Malraux’s shoes, se représente, imitant le ministre de la culture piétinant les photos de son Musée imaginaire.

La compagnie chorégraphique La Tierce, en collaboration avec le FRAC Aquitaine, part à la recherche des danses qui sommeillent dans nos corps, les corps dansent, parcourent l’espace d’exposition, les pieds se mettent en mouvement. Élise Girardot du FRAC ainsi que Sonia et Charles, de l’atelier chorégraphique, accueillent enfants et parents. Assis en rond, à même le sol, chacun dit son nom : un seul père et trois mamans accompagnent Julia, Arthur, Jean-Emmanuel, Enriko, les petites filles très timides ont murmuré leur prénom. Les enfants ont de 6 à 8 ans.

 

Mise en condition

L’animatrice du FRAC explique et interroge. Les réponses fusent de toutes parts.

L’animatrice : Que signifie art contemporain ? Quelles sortes d’œuvres sont montrées?

Un, deux, trois doigts se lèvent.

Les enfants : L’art contemporain, ce sont des œuvres qui ne sont pas vieilles

— On peut voir des peintures, des sculptures

— Des vidéos et des photos.

— Les œuvres sont entreposées dans ces grandes caisses que vous voyez derrière vous. Elles voyagent dans toute la région pour être exposées dans les bibliothèques et les écoles. Nous allons voir celle de Pierre Leguillon, un artiste français.

Au centre dune grande salle toute blanche, sont disposées en ovale, des boites plates en aluminium contenant des photos, des affiches roulées et posées verticalement, des livres ouverts…

— Cette œuvre est nommée La grande évasion2. L’artiste, après avoir réalisé la commande du Musée de la danse de Rennes, a fait cette installation. À quoi cela vous fait-il penser ?

— Au plan d’une ville

— Des remparts formés par le couvercle des boites ouvertes

— Une sorte d’église plus haute

— La place carrée au centre.

— L’artiste a choisi, pour installer ces boites, de suivre le plan de Monflanquin, une bastide de la région. Tous ces danseurs en images semblent représenter les habitants de la ville. L’artiste, critique d’art et photographe, a ainsi créé une histoire vivante de la danse. Déplacez-vous pour tout observer. Que voyez-vous ?

— Des photos de danseurs

— Des vieilles images en noir et blanc, mais aussi en couleurs, posées sur des boites

—La revue Vogue de 1947, des pochettes de vieux disques

— Une carte à jouer

— Des ballerines en tutus et chaussons qui font des sauts de chat, des arabesques

— D’autres ont des cerceaux

— Des acrobates sont accrochés à des filets.

— Dans chaque boite, les photos sont assemblées sur un même thème. On observe différentes danses, mais aussi du théâtre, du cinéma, une horloge et aussi ?

— Du football

— Du hip-hop

— Des danseurs de claquettes

— De la gymnastique acrobatique

— Des danses de salon.

— Quelles sont les différences entre sport et danse ?

— Le foot est un sport collectif

— Le danseur est souvent seul.

 

Échauffement

Les enfants sont impatients de faire bouger leurs pieds. « Où commence la danse ? Quand est-ce que je danse ? » Tous se donnent la main en se dirigeant vers un endroit plus grand pour évoluer sans toucher les œuvres. La consigne : se déplacer en marchant lentement, sans se heurter, dans des directions variées. Après avoir compté de un à cinq, tous les pieds doivent former une droite. Il y a quelques égarés. On recommence et tous sont enfin alignés. Lorsqu’il faut réaliser un cercle, c’est plus ou moins un ovale, comme dans l’installation. Autre consigne : avancer très rapidement, tous les pieds toujours en ligne, puis s’allonger au sol.

Ils doivent ensuite choisir deux photos (numérotées 1 et 2) parmi les feuilles représentant des attitudes diverses. Chacun prend la position représentée sur la photo 1. Arthur a du mal car c’est un saut qu’il doit reproduire, pas question de poser les pieds au sol ! Une maman n’a pas cherché la facilité en choisissant la déesse indienne des arts aux quatre bras. Ensuite, photo 2, puis position 3, comme on le veut ! L’enchainement est parfois acrobatique. Enfin ils réalisent une fresque, en se plaçant les uns après les autres, tous regroupés devant un mur, dans une posture qui s’harmonise à l’ensemble des danseurs.

Ils créent une collection vivante d’images de corps, de pieds, de mains et de danses !

Pierrette Guillot

 

* FRAC Aquitaine : Fond régional d’art contemporain d’Aquitaine

Hangar G2 Quai Armand Lalande 33300 Bordeaux

www.frac-aquitaine.net

Photos de P. Guillot