Nostalgie du thé d'antan

La danse l’après-midi, à l’heure du thé, est une tradition anglaise qui a toujours ses nostalgiques.

 

À Bordeaux, les thés dansants sont pratiquement inexistants le dimanche après-midi. S’ils veulent trouver leur bonheur, les passionnés doivent donc éplucher Sud Ouest Dimanche pour dénicher une salle de danse le plus souvent dans la banlieue.

 

Des aficionados

L’offre n’est pas à la hauteur de la demande en termes de qualité, de strass, de paillette, de tenue. Elle est très ponctuelle, organisée par les communes dans des salles polyvalentes la plupart du temps. De ce fait on y trouve un cadre impersonnel qui ne peut attirer que les passionnés indifférents au décorum. Pour ces derniers le but essentiel est de danser et de se retrouver tous les dimanches avec des aficionados, devenus parfois aussi des amis. Ce sont en général des seniors. La gent masculine est sous représentée mais il existe des taxi-boys pour faire danser les dames.

À Mérignac, tous les quinze jours, la Marinière organise des bals, animés par un orchestre dans un grand espace qui peut recevoir 500 personnes. Des tables rondes garnies de nappes blanches entourées de chaises permettent de s’asseoir le temps de déguster un gâteau et un rafraîchissement entre chaque danse. Sans décoration murale, cette salle est occasionnellement utilisée pour des mariages. Avec un ticket d’entrée de 12 euros par personne, vous avez droit à une boisson et une gourmandise. Cet établissement existe depuis une quinzaine d’années et la responsable gère ces évènements avec deux employées. Les danses proposées sont principalement : le tango, la valse, le slow, le paso doble, la samba, la rumba, le cha-cha-cha, le jive et quelques danses modernes.

 

À l’anglaise

La danse du thé, appelée aussi thé dansant, était une danse qui se tenait les après- midi d’été ou d’automne ou en début de soirée de 16 h à 19 h. Dans les campagnes anglaises, une fête dans les jardins précédait la danse. On y servait du thé, du café, des glaces, des coupes de champagne ou du claret. Malgré l’introduction du phonographe, la tradition de l’orchestre live était maintenue. Les danses du thé sont une référence culturelle commune dans la fiction britannique et américaine du début du XXe siècle en tant que base de la société distinguée. Les gens assistaient habituellement à ces réceptions lors de leurs visites dans des stations balnéaires. Elles évitaient autrefois les dépenses d’un souper assis. Une toile de danse, cirée et raide, tendue sur le tapis du salon, était jugée suffisante. Nul besoin de cirer en prévision de la danse. La salle à manger servait de salon de thé avec des tables à manger disposées à une extrémité sous forme de buffet. Pour la génération la plus âgée, une danse du thé était une réception qui s’apparentait à un chez soi. Les décorations florales étaient modestes.

 

Costumes, cravates et jolies robes

Le terme danses de salon est utilisé après 1950 pour les différencier des danses émergentes comme le rock’n roll. Ce sont les danses pratiquées dans les salons, bals, soirées, guinguettes et thé dansant. La jeunesse de cette époque s’inscrivait dans des écoles de danse et le dimanche (le week-end n’existait pas) ils se retrouvaient pour aller danser. À Bordeaux, les salles de bals étaient très nombreuses et très courues : le Grand Café de Bordeaux, l’Aiglon, les Terrasses, l’Alhambra, l’A.G (le bal des étudiants). Pour cette occasion, les jeunes filles étaient vêtues de leurs plus jolies robes qui tournoyaient légèrement lors des valses. Les garçons portaient costumes et cravates. L’été, dans les villes d’eau, ils dansaient dans les casinos. Leurs moyens de transport étaient le scooter, la mobylette ou bien le bus. Les parents ne prêtaient pas leur véhicule à leurs progénitures. La télévision n’avait pas encore fait son apparition : les bals faisaient partie des rares distractions.

Les jeunes des années 50 sont devenus les anciens d’aujourd’hui qui racontent : « Nous aimons tellement danser, nous dansons tous les dimanches, toute l’année. C’est le seul plaisir qui nous reste, cela nous maintient en forme et nous permet de faire de nouvelles rencontres, de nouveaux amis »

 

Les thés dansants ont toujours eu une dimension sociale, que ce soit autrefois pour trouver l’âme sœur ou pour se rencontrer entre amis aujourd’hui.

 

Arlette Petit