D'une jalle à l'autre

Saint-Médard-en-Jalles possède des édifices anciens qu’elle s’attache à mettre en valeur.

 

De la farine à la glace

Lorsque vous arrivez à Saint-Médard-en-Jalles, en venant de Bordeaux en passant par le Haillan, vous ne pouvez pas rater le moulin de Gajac. Il est là, à l’entrée de la ville, sur votre gauche. C’est par cet édifice du XVIIIe siècle que vous commencerez votre visite de Saint-Médard-en-Jalles. Il ne possède pas grande roue extérieure, l’essentiel est caché sous le moulin.

À l’intérieur une trémie pour l’alimentation en grains des deux meules dont l’une est fixe alors que l’autre tourne autour d’un axe vertical entraîné par un rouet hydraulique mû par l’eau.

Le moulin n’a plus reçu beaucoup de blé depuis le début des années 1930, sa mort ayant été précipitée par l’installation des Grands moulins de Paris à Bordeaux en 1924.

En 1935, le propriétaire y implante une fabrique de glace alimentaire qui fonctionne jusqu’aux années 1970. Une turbine hydraulique immergée entraîne un système de compression-décompression d’anhydride sulfureux, afin de refroidir à une température (largement) négative de la saumure. Des moules en métal remplis d’eau y sont alors plongés pour fournir des blocs de 20 kg de glace, vendus sur place ou distribués par voiture à cheval sur la ville et par camion au-delà.

Franchissant le pont sur la Jalle de Blanquefort, vous arrivezbientôt à la mairie. 

 

Un air solennel

L’hôtel de ville actuel, imposant monument, a été construit entre 1934 et 1936, en agrandissant et en remodelant le bâtiment de l’ancienne mairie qui ne comportait qu’un seul niveau.

Le rez-de-chaussée originel a été surmonté par un étage et des combles sous une haute toiture d’ardoises, coiffée d’un joli campanile qui abrite aujourd’hui une sirène.En façade, une galerie et un balcon donnent à l’édifice un air solennel.

Dans les années 1980-1990 des travaux sont menés pour l’agrandir en la dotant de bureaux plus fonctionnels nécessaires pour accueillir une population croissante.

Vous traversez la route qui mène à Saint-Aubin et vous voilà devant l’église Saint-Médard.

 

Opération exceptionnelle

L’église romane date du XIIe siècle. Elle a subi de nombreuses modifications depuis sa construction. C’est ainsi, qu’elle reçoit, au XVe siècle, un haut clocher surmonté d’une flèche à section octogonale, habillée d’ardoise. Puis, au XVIIIe siècle, c’est la construction de la nef nord, qui double la capacité de l’édifice.

Puis récemment, un orgue, offert par un paroissien, est installé, opération exceptionnelle aujourd’hui. Il a été construit sur mesure, par une manufacture alsacienne spécialisée, pour prendre place dans une chapelle existante.

Le 17 janvier 2021, l’orgue, alors joué par Jean-Baptiste Dupont, organiste de Notre-Dame de Bordeaux, a été béni par l’évêque de Bordeaux.

En sortant de l’église, vous empruntez, face à vous, la rue Jean-Jaurès qui vous mène à l’ancienne Poudrerie. 

 

De la poudre aux propergols

L’entrée historique de la Poudrerie qui n’est plus guère utilisée, donne accès à la cour d’honneur entourée de bâtiments anciens. On y pénètre par un grand portail accroché à deux piles en pierre de taille, surmontées d’une bombe enflammée, symbole de la production. En bas des deux vantaux on distingue deux futs de canon entrecroisés.

En 1660, Jehan Dupérie construit plusieurs moulins à poudre2, sur un terrain qui borde la Jalle de Caupian. Quatre explosent peu après, provoquant la mort de leur propriétaire. En 1666, sa veuve cède la propriété à François Berthelot, commissaire général des poudres et salpêtres. À partir de cette date, la Poudrerie va se développer et fonctionner sous la responsabilité exclusive de l’État, jusqu’à la création, en 1971, de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE). La Poudrerie devient alors établissement de la SNPE. Au cours des années les restructurations industrielles font qu’il appartient aujourd’hui à ArianeGroup. Il participe aux études et à la fabrication des accélérateurs à propergol3 solide pour les fusées Ariane 5 et Ariane 6 et les propulseurs des missiles balistiques.                         

En face de cette entrée vous trouvez la maison, dite de l’ingénieur destinée à des personnels d’encadrement. C’est une belle bâtisse construite en 1830, au centre d’un beau parc qui a été réaménagé il y a quelques années. Pour le moment le bâtiment n’est pas utilisé, mais il existe des projets pour le mettre en valeur.

En poursuivant votre promenade vers l’est, à environ 5 km,  vous découvrez le chateau Belfort. 

 

Somptueusement reçus

À l’origine sans style architectural particulier, il est modifié et restauré une première fois au XIXe siècle, puis en 1962 lorsqu’il est acheté par la ville pour en faire un centre hippique.

Le premier camp militaire de la commune, créé en 1845, est un camp de parade pour le duc d’Aumale, fils de Louis Phillipe, roi de France, venu effectuer des manœuvres à la gloire de la monarchie. Le camp de la troupe s’établit à Caupian pendant que la cavalerie est à Gajac près de la Jalle.

Le duc, lui, s’installe au château Belfort où il reçoit somptueusement des officiers dont des étrangers et des personnalités locales et régionales. Pendant plus d’un mois, du 14 août au 15 septembre, des fêtes, des réceptions, des bals, tous grandioses se sont succédé. 

Manquent à ce modeste inventaire bien d’autres édifices qui ont marqué et continuent à le faire la vie de la cité, comme par exemple : le château Lafon, le Carré des Jalles, centre culturel et scène nationale ou encore les camps militaires de Caupian et de Souge.

 

1 Nom donné à un cours d’eau dans le Médoc

2 Il s’agit de poudre noire mélange de salpêtre et de souffre

3Propergol solide est constitué d’un liant, chargé de perchlorate d’ammonium (NH4ClO4) comme oxydant et d’aluminium  comme combustible. 

Un peu d’histoire

L’Aquitaine, occupée par les Romains pendant les premiers siècles de notre ère, voit ses campagnes mises en valeur. De riches propriétaires y implantent de vastes villas (maison et exploitation agricole). Ancêtres des villages qui constituent actuellement Saint-Médard-en-Jalles.

Après le départ des Romains et au fil du temps, la paroisse de Saint-Médard voit naître plusieurs seigneuries, comportant de vastes domaines agricoles et forestiers. Le nombre des habitants augmente régulièrement.

En 1789, la paroisse devient commune de Saint-Médard-en-Jalles.

 

En juin 1794, au motif que son nom peut avoir un effet négatif sur les esprits faibles et retarder ainsi les progrès de la raison, il faut la doter d’un vocable plus révolutionnaire, plus sonore. Fulminante est choisi. Il convient parfaitement à une commune qui abrite une fabrique de poudre à canon.