Muettes mais éloquentes

Au contraire des œuvres littéraires, les tableaux ne parlent pas. « La peinture est une poésie muette », selon une formule souvent citée.

 

Le silence peut être défini comme l’absence de son, de bruit et de parole, c’est bien le cas lorsque l’on se trouve en présence d’une peinture que l’on regarde. On peut la faire parler en la commentant, en l’expliquant parfois, mais ce n’est en fait qu’un artifice, qu’une façon métaphorique de lui donner vie.

 

Sens en éveil

En présence d’un tableau, seule la vue semble être en éveil, mais qu’en est-il des autres sens ? Ne perçoivent-ils pas ce qui est suggéré ?

Lors de la visite d’un musée où se côtoient des œuvres différentes, le visiteur réagit diversement. Devant une nature morte mettant en scène un plateau de fruits ou des fleurs, il n’est pas rare de saliver ou de sentir leur parfum. Face à un tableau de chasse à courre, les aboiements des chiens et le son du cor sont présents et donnent davantage de vie à l’œuvre. Une peinture très colorée de fête foraine attire l’attention et, très vite, la musique tonitruante des manèges enveloppe le visiteur. Un champ de bataille au XVIIe siècle, deux armées se font face, on entend distinctement le clairon qui sonne Chargez !

C’est ainsi que quatre de nos sens font vivre encore davantage les peintures en suppléant leur mutisme.

 

Roger Peuron