Un océan de récompenses

A la fois proche et lointain dans l'imaginaire des jeunes initiés, l'océan est l'allié incontournable dans le travail de l'association Surf Insertion. Le surf, devient un vecteur dans la transmission de valeurs écocitoyennes et du  dépassement de soi.

 

«I have a dream»

 Situé rue des Menuts à Bordeaux, le local de l'association se confond dans le paysage animé et «exotique» du quartier. Hassan El Houlali, le président se félicite de l'appropriation de l'espace par les habitants, «ici, tout le monde peut entrer» pour discuter ou encore échanger sur les projets, «on ne changerait d'emplacement pour rien au monde».

Le mur de l'intérieur est habillé de photos imposantes; témoignages d'histoires partagées avec les animateurs et acteurs associatifs en charge des ateliers écocitoyens, des actions d'éducation à l’environnement et de l'initiation aux pratiques sportives.

A côté de ce patchwork de portraits de parfaits anonymes, se distingue celui de Martin Luther King   accompagné de son discours «I have a dream».

Sans doute, une aspiration pour l'association dont l'objectif principal, depuis dix-sept ans, est de permettre l'insertion sociale au moyen, notamment, du surf. Un travail continu qui n'a cessé de changer de visage en fonction des problématiques rencontrées.

Surf Insertion s'adresse aux jeunes urbains et ruraux de 8 à 25 ans qui proviennent des structures socio-éducatives (établissement scolaires, centres socio-culturels etc.) et spécialisées.

Chaque année, par le biais de l'adhésion des organismes à l'association, près de 4000 apprentis écocitoyens découvrent l'ensemble du littoral girondin ainsi que les diverses activités qui y sont proposées.

Pour le responsable, il s'agit de «les extirper de l'univers qu'ils connaissent pour les emmener dans un autre monde»: le surf. Celui de «l'inconnu», qui semble inaccessible rappelant que même si l'océan appartient à tous, certaines de ses disciplines, quant à elles, restent réservées à quelques-uns.

 

Savoir-faire et savoir-être

S'approprier le patrimoine pour mieux le valoriser et faire des jeunes «des acteurs à part entière» dans la préservation de ce fragile écosystème, constitue l'un des credo de l'association.

Les projets écocitoyens comme le nettoyage de rivières girondines visent à sensibiliser à la gestion de l'eau. De plus, les ateliers pédagogiques et ludiques tel que l'atelier Recup'Art ou encore les chantiers durant lesquels les plantes envahissantes sont enlevées, participent à l'éducation à l'environnement.

Comme le dit le représentant de la structure, Hassan El Houlali,«pour agir il faut comprendre son environnement; la faune et flore, les gestes écocitoyens pour préserver la forêt ainsi que les zones humides.»

En parallèle de la transmission de ce savoir-faire, le surf quant à lui, dans un premier temps, apprend à prendre la vague en pleine face, puis à se relever pour enfin se surpasser.

«Dépassement de soi, humilité, plaisir», ce sont les principales valeurs qu'enseigne ce sport de glisse aux apprentis éco-surfeurs.

Une école de la vie, qui rappelle qu'en dépit des difficultés d'ordre social, économique ou encore physique que peuvent rencontrer ces jeunes, le plus important c'est de «se relever» et de  faire face à ces dernières.

« Allons dans le paradoxe: le surf, allons vers l'excellence, s'arracher de ce que l'on connaît » car «restez entre nous (ça n'amène) nulle part», s'exclame le président.

Désacraliser Le surf, qui devient accessible et atténuer «la barrière psychologique», qui de façon insidieuse fait croire que certaines pratiques sportives sont réservés à d'autres. Une manière, en somme, de transcender les blocages et de permettre l'insertion sociale.

 

Autant de récompenses qu'offre l'océan avec le surf, qui après avoir été  bichonné par le nettoyage, compris au travers des ateliers écocitoyens, se laisse apprivoiser au gré du déferlement des vagues.

 

Iman Azaamar