Vergers de Garonne

Le fleuve marque le territoire agricole lot et garonnais.

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Pommiers en fleurs : verger de la variété Ariane (F. Bergougnoux)
Pommiers en fleurs : verger de la variété Ariane (F. Bergougnoux)

Profondément rurale, cette région conserve une économie agricole riche malgré une diminution marquée du nombre de ses paysans. La part traditionnelle consacrée aux céréales et à l’élevage est en déclin. Des cultures spécialisées intensives se sont développées : la fraise, avec une production de 12 000 tonnes pour 1 000 exploitations, la tomate, 50 000 tonnes et la pomme avec plus de 100 000 tonnes. La richesse des terres contribue à l’essor de ces plantations, particulièrement aux bords de la Garonne et du Lot, son principal affluent, d’Agen et Villeneuve à Aiguillon et Marmande. L’appoint de l’irrigation est indispensable, alimentée par le fleuve dans la plaine et par de nombreux lacs collinaires sur les coteaux.

La réussite de ces cultures tient cependant pour une bonne part à la volonté et à la capacité de ses nombreux leaders qui ont contribué à initier et à entraîner des modes de culture innovants, en obtenant un soutien financier conséquent de l’État et de la région.

 

Hommes engagés

Il faut souligner l’impulsion donnée, dans les années 60, par les premiers rapatriés d’Algérie qui ont apporté un savoir-faire et une nouvelle approche technique et économique.

Chez les producteurs actuels, signalons la présence de descendants d’immigrés italiens qui, à force de travail et de détermination, sont passés progressivement du statut d’ouvrier, puis de métayer à celui d’exploitant agricole performant.

Parmi les leaders qui ont marqué le secteur, deux méritent d’être cités : Guy St Martin agriculteur près d’Agen qui a créé de nombreuses organisations professionnelles. « Sans action collective, le producteur de la filière fruits et légumes court à l’échec. Il m’a paru indispensable dès les années 80, de créer un dispositif à son service : station d’expérimentation pour découvrir des solutions techniques, revue d’information spécialisée, organisation économique » Il a fini sa carrière comme vice-président du Conseil régional, chargé de l’agriculture !

Yves Bertrand, d’abord technicien à la chambre d’agriculture, s’est, lui, lancé dans la culture hors sol, près de Marmande. « Pour répondre à l’attente des consommateurs et résister à la concurrence mondiale, un outil technique performant garantissant un produit de qualité, à un coût maîtrisé, est primordial. Une organisation économique nationale, regroupant au minimum 50 000 tonnes par produit, est aussi indispensable pour faire face à la pression de la grande distribution.

Aujourd’hui, je dispose de 16 ha de tomates et 4 ha de fraises sous serre. Elles sont cultivées au top technique avec une nutrition équilibrée, afin de mieux satisfaire les consommateurs trop souvent déçus. De même la qualité gustative est mieux assurée en effectuant la récolte au meilleur stade de maturité. »

 

Pomme du 47

« La pomme que je suis adore ce coin des bords de Garonne. Je m’y sens chez moi dans ces conditions idéales. La latitude me convient particulièrement ainsi que le sol riche et profond. Le climat me réussit aussi : un soleil fréquent au moment de la pollinisation favorise l’activité des abeilles, la bonne longueur du jour et l’eau abondante me donnent une taille gironde et les nuits fraîches de l’automne accentuent ma belle couleur rouge ou rosée. Elles rendent jalouses mes sœurs de Provence et du Languedoc ! Aussi je me préfère en Pink Lady ou en Gala, plutôt qu’en Golden, réfugiée aujourd’hui dans le Limousin.

Pour résister sans traitement à la méchante « tavelure », je me suis même transformée en Ariane, issue d’une création de l’Inra ; mais je le jure, je ne suis pas un OGM, seulement le résultat de croisements entre une variété cultivée et une espèce ancienne naturellement résistante.

De nombreux insectes ravageurs m’agressent, en particulier le carpocapse dont la larve pénètre ma chair au printemps et les pucerons qui sucent la sève de mon arbre ! Des chercheurs malins y ont porté remède, sans me salir avec tous les produits d’autrefois. Des pièges sexuels perturbent la reproduction des nuisibles mâles et des acariens utiles se sont alliés aux coccinelles pour manger les mauvaises bestioles.

Ainsi avec l’attention de mon maître, enfant de la Garonne, j’arrive à la récolte, pleine de sucs et d’arômes, en espérant rencontrer un beau gourmand, prêt à me croquer ! »

 

François Bergougnoux