Bandas y penas

Musique de rue, d’animation, riche par sa diversité et ses sonorités basque-espagnoles, elle communique à tous l’envie de danser, chanter et participer intensément à la fête jusqu’au bout de la nuit.

Une banda bordelaise (photo I. Denis)
Une banda bordelaise (photo I. Denis)

Créée à Dax en 1961, Los Calientes fut la première banda du Sud-Ouest. Ces groupes d’animation festifs ont dû faire leur place dans le milieu musical constitué auparavant d’harmonies et de cliques. Aujourd’hui, partie intégrante du patrimoine culturel, on en dénombre une centaine.

 

En avant la musique

Depuis 1973, chaque deuxième week-end de mai, Condom s’anime pour son festival Bandas y Peñas qui rassemble environ un millier de musiciens. Les groupes viennent de tous les départements du Sud-Ouest mais également de Belgique et d’Espagne pour s’affronter dans de joyeuses joutes musicales et tenter de décrocher l’un des nombreux trophées convoités. Pendant 48 heures, les bandas montrent leurs qualités musicales et leurs talents d’animation dans les rues, sur un podium ou dans les bodégas. Les fanfares déambulent et enchainent pasacalles, jotas, paso doble, musiques de films et airs traditionnels. Certains morceaux sont incontournables comme Paquito Chocolatero et Vino Griego. Les couacs font partie de l’ambiance, sans jugements. Les musiciens vivent un véritable marathon musical : « On n’a plus ni lèvre ni poumon mais on continue » disent-ils en riant. La Gironde était représentée par 2 formations : la Band’aléo qui a remporté le prix spécial du jury ainsi que le titre de champion de France junior 2013 et les Sans-soucis, la banda la plus titrée du festival depuis sa création.

Les musiciens bordelais ont célébré leur 30e anniversaire au cœur de la cité historique. Pendant deux heures de concert, la communion était totale. Les festayres, vêtus de rouge et blanc, ont écouté, vibré, chanté, dansé, bougé sur les rythmes endiablés. C’est cela l’esprit banda : un vecteur d’énergie positive.

La band'aléo (photo I.Denis)
La band'aléo (photo I.Denis)

La band’aléo

À Léognan, en 1988, se forme un groupe d’une quinzaine de musiciens le Léognan orchestra des Graves et prend pour nom de scène La Banda des Graves. En 2000, la fanfare devient La band’aléo et compte actuellement une centaine de musiciens d’univers très différents.

La formation a la particularité d’être un orchestre très complet qui joue aussi bien la musique populaire de bandas qu’un répertoire classique. La fête de la Sainte-Cécile, patronne des musiciens, est l’une des occasions de montrer cette autre facette. La fanfare a également joué un hymne pour l’Union Bordeaux-Bègles Rugby et anime les rencontres à domicile au stade Chaban-Delmas. La banda offre une hétérogénéité de musiciens dans un esprit ouvert et une ambiance d’unité. Le groupe effectue une cinquantaine de sorties par an. Entre répétitions assidues et déplacements, les musiciens consacrent un temps illimité à leur passion. Pourtant leur enthousiasme est toujours présent. L’un des musiciens confie : «  Je joue pour me faire plaisir. Dans un deuxième temps, j’essaie de donner aux autres et de leur communiquer ce plaisir. Quand le public se met à interagir, une osmose se crée entre nous et nous vivons alors des moments magiques. »

 

Une identité

Dans les villages gascons, c’est un lien social, un pont entre les générations, mais aussi de solides amitiés ancrées dans le partage pour une même passion : la musique. Intégrer une banda, c’est entrer dans une deuxième famille tant son identité est forte. Chaque formation possède un nom souvent à consonance espagnole, un répertoire, une tenue vestimentaire. Une banderole personnalisée précède les musiciens lors des manifestations extérieures. Les fanfares ambulatoires se composent essentiellement de percussions (caisses, cymbales) et de cuivres (trompettes, trombones, saxophones, clarinettes, flûtes). L’été, la formation participe aux fêtes locales, courses landaises, rencontres sportives, festivals. Elle retrouve sa vocation première d’animatrice à la plus grande joie de son public.

 

Les bandas enchantent par leur musique festive et vivante, véritable remède anti- morosité. Alors, pour les (re)découvrir, à vos agendas ! Rendez-vous à Condom les 9, 10, 11 mai prochain pour un week-end musical et vitaminé.

Isabelle Denis